qui faisaient régulièrement le trajet de Marsevan à
Sivas, Césarée et Samsoun.
A la date fixée les placards furent affichés partout :
le Sultan y était traité d'Hamid-Tchaouch qui désho–
norait l'empire et devait être renversé ; les musulmans
étaient invités à se révolter contre un khalife qui cau–
sait la ruine et le malheur de tous.
Les gouverneurs de vilayets, les chefs des villes et
des villages, les policiers surtout furent affolés par cet
affichage simultané qui révélait une organisation
sérieuse. Khossrew pacha, commandant de la gendar–
merie du vilayet de Sivas, arriva à Marsevan quinze
jours après, vers le milieu de janvier
1893;
i l était
accompagné de plusieurs centaines de cavaliers. Les
arrestations commencèrent.
C'est alors que l'idée vint aux Arméniens eux-mêmes
de détourner sur le collège et la mission américaine les
soupçons du gouvernement ; c'était, semblait-il, le seul
moyen de sauver l'organisation locale et de limiter les
représailles policières. Les Américains ne couraient pas
grand risque : ils seraient sûrement défendus par leur
consul.
Dans l'entourage même du pacha se trouvait un
homme dévoué au Comité ; ce conseiller fit si bien que
quelques jours après son arrivée, Khossrew demanda la
permission de faire chez les missionnaires une visite
«
amicale ». I l eut l'occasion de voir chez l'un d'eux un
cyclostyle et se persuada que les placards avaient
été tirés à l'aide de cette machine, ignorant que le
comité en possédât une absolument identique.
Sa conviction fut aussitôt établie : c'étaient les
missionnaires qui avaient fait le coup avec la compacité
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Fonds A.R.A.M