I l faut se féliciter qu'au milieu de ce tapage incohérent,
les gouvernements russe et français aient gardé tout leur
sang-froid. L'appui qu'ils ont donné au Sultan leur fait
honneur.
Le rôle des missionnaires anglais et américains fut
tout différent de celui qui leur a été ainsi attribué. Le
point de départ de la légende anglaise doit être cherché
dans les événements de Marsevan en
1892.
A cette époque le comité révolutionnaire hentchakiste
de Marsevan était le mieux organisé et le plus puissant
de tous ; et i l est vrai qu'une mission
américaine
diri–
geait dans cette ville un collège de garçons et y faisait
construire un collège de filles.
Pendant l'été de cette année les représentants d'une
quarantaine de comités formés pour la plupart par des
agents partis de Marsevan, devaient se réunir en assem–
blée provinciale. Y vinrent les représentants des comi–
t é s des vilayets d'Angora et de Sivas et, seulement
pour la région de Samsoun, ceux du vilayet de Trebi-
zonde. L'assemblée put se réunir toute une semaine.
Bile nomma un comité directeur, composé de deux per–
sonnes, appartenant toutes deux au comité de Marse–
van : président, Mihé (Artin Thoumayan, mort en
1894,
empoisonné dans la prison d'Amasia); secrétaire,
Vahram, de qui je tiens les présentes notes.
A l'automne le Comité central de Londres envoya au
Comité de Marsevan les textes de deux placards rédi–
gés en turc et destinés aux musulmans, qui devaient
être affichés, le même jour, dans les quarante villes ou
villages dépendant de Marsevan. Vingt mille exem–
plaires furent tirés à l'aide d'un cyclostyle et expé–
diés, dans le secret le plus absolu, par les courriers
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Fonds A.R.A.M