évacué en emportant leurs meubles et en chassant
devant eux leurs troupeaux. Quelques maisons seule–
ment furent brûlées.
L e s attaques successives des villages sassouniotes
par les Kurdes ont été toutes favorisées et tolérées par
les autorités turques.
Cependant les paysans tenaient bon et s'obstinaient
à demeurer dans leurs montagnes :
Les champs, la terre et l'eau, qui depuis des siècles
étaient la propriété des Arméniens, comme cela est prouvé,
même par les cadastres, le gouvernement les enleva aux
Arméniens pour les mettre au nom des Kurdes ; ce moyen
ne réussit pas à éloigner les Arméniens des montagnes qui
leur tiennent lieu de père et de mère, non plus des terres
et de l'eau qui leur donnent la nourriture et la vie ; affamés
et ayant soif, ils embrassèrent avec les deux mains les
pierres rocailleuses ; ils se réfugièrent dans les forêts de
chênes qui nourrissent leurs animaux et ne s'éloignèrent
pas de leurs cabanes.
(
Lettre
de
Moush,
24
décembre
Ï900)
Alors le gouvernement entreprit de construire des
casernes à Chenik, Guellieh Guzan, Talori.'
Le héros de la plaine de Moush, c'est l'Alaï bey, le com–
mandant de l'armée turque. I l veut être le bourreau et le
fléau des Arméniens. En ce moment, toutes les montagnes du
Sassoun sont couvertes des tentes de tribus kurdes. I l avait
projeté de faire descendre les Sassouniotes de leurs mon–
tagnes et les faire habiter dans les plaines. Pour leur faire
peur, le gouvernement y a envoyé des ingénieurs-architectes
avec cinq cents soldats, pour construire des casernes sur
trois points, Chenik, Guellieh Guzan et Talori.
Les Sassouniotes devinent Parrière-pensée du gouverne–
ment, qui voulait par ce moyen les supprimer, et en consi–
dérant que l'éloignement de leur sol sera le coup mortel
pour eux, ils ont dépêché au gouverneur de Moush une
Fonds A.R.A.M