Pierre
Quillard
très eurent lieu à Eggharte et à Tsorer, et ce qui restait
du village de Hitenk fut définitivement anéanti.
Un peu plus tard, A l i pacha envoya à Spaghank une
troupe de soldats pour déterrer les morts et les brûler,
sauf un petit nombre de cadavres qui devaient être
gardés afin de figurer les révolutionnaires tués. I l rédi–
gea ensuite un rapport qui se terminait ainsi :
Un certain nombre de révolutionnaires arméniens ayant
fait face, dans le village de Spaghank, aux troupes impé–
riales, je les ai cernés près de l'église. Dix Arméniens ayant
été tués et huit pris vivants, la sécurité et la paix régnent
aujourd'hui grâce à S. M. le Sultan.
E n outre Kha l i l Beshir et l'agent de police Husni
firent signer de force au prêtre Bedross, abbé du cou–
vent de Mardine Arak i a l , un rapport déclarant exacte
la version officielle, à savoir que seuls seize révolu–
tionnaires arméniens et trois innocents avaient été tués;
que Spaghank, qui comptait en réalité de trente à
trente-cinq maisons, contenait seulement quatre ma i –
sons, et vingt-sept habitants au lieu de deux cents ;
enfin qu'une seule étable avait été brûlée, alors que le
village entier avait été détruit.
Quelques mois plus tard, à l a fin de décembre
1900,
les Kurdes attaquèrent un autre village du Sassoun,
Chouchenamark ; les habitants résistèrent et trois des
assaillants furent tués. Mais, entourés de forces supé–
rieures, les gens de Chouchenamark durent se retirer,
laissant quatre morts sur le terrain et emmenant avec
eux de nombreux blessés, dont des femmes et des
enfants. Le s trois quarts des maisons furent alors
incendiées et toutes pillées. Puis les Kurdes se jetèrent
sur le village de Kegachen que les paysans avaient
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Fonds A.R.A.M