Pierre Quillard
1893-1894,
Zékhi pacha tenta une première fois de les
anéantir. Vers la fin de juillet
1894,
les chefs de quatre
tribus kurdes attaquèrent les villages du Sassoun. Ils
se heurtèrent à une résistance énergique. Alors, ils
réclamèrent le concours du commandant du
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e
corps,
qui envoya à la rescousse des troupes régulières et des
escadrons de cavalerie hamidié.
La plaine de Moush d'abord, puis les villages de la
montagne furent mis à feu et à sang. A Guellieh
Guzan soixante femmes et jeunes filles furent violées
puis égorgées dans l'église. Autant de jeunes gens
furent enterrés vivants au pied du Handok Dagh.
Un certain nombre d'Arméniens s'étaient réfugiés
dans des cachettes inaccessibles : alors Zékhi pacha
employa fa ruse-, i l fit proclamer "l'amnistie et mas–
sacra ceux qui se fièrent à sa parole.
Le
10
octobre,
190
à
200
malheureux sans armes
descendirent à Guellieh Guzan sur le conseil du prêtre
Ohannès. Ils y trouvèrent Zékhi pacha, escorté des
troupes qui avaient ravagé le pays, des troupes régu–
lières seulement.
Aussitôt les soldats séparèrent du gros de la foule le
prêtre et deux notables, et à coups de baïonnettes
poussèrent femmes, enfants et vieillards vers une grande
fosse creusée près de là dans un champ de millet. Pêle-
mêle, les morts et les blessés s'y entassèrent. Les corps
des deux notables et du prêtre furent retrouvés plus
tard ; les notables avaient le nez et les oreilles coupées ;
le prêtre la peau du crâne décollée et rabattue sur la
figure.
Vingt-deux villages furent alors détruits et mille
quatre-vingt-huit maisons incendiées.
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Fonds A.R.A.M