P O U R
L ' A R M É N I E
Depuis ce moment, les Zeïtouniotes, malgré des vexa–
tions et des provocations sans nombre, ont scrupuleu–
sement respecté les engagements pris; ils ont suivi à
la lettre le conseil donné à leurs chefs par Edhem
pacha : « J'espère que vous serez sages, comme vous
avez su être braves. »
Mais après une courte période d'accalmie, les
vexations turques recommencèrent. Dans le second
semestre de
1900,
quatre-vingts assassinats d'Armé–
niens eurent lieu dans les villages de Zeïtoun. Puis, en
mars, arrestations et perquisitions. Vingt personnes,
dont six maîtres d'école, furent incarcérées à Marash.
En même temps, des blockhaus étaient construits à
quatre points stratégiques qui commandent la ville:
Eridjek, au nord, d'où l'on peut surveiller, outre
Zeïtoun, Goguisson et Albistan; au sud-est, près du
pont Djehani, sur la rivière Djehan, au débouché de la
vallée d'Anetzor; à l'est, à Pertous, à mi-chemin de
Marash; au sud-ouest, à l'entrée des défilés de Fernouz
et de Zeïtoun. Désormais, six cents hommes de troupe
sont prêts, en cas d'alerte, à secourir la garnison
turque de Zeïtoun et à couper les communications avec
les villages voisins. Le Sultan n'a plus qu'à choisir
l'heure et le moment.
Même tactique et même méthode au Sassoun : c'est un
pays fort rude, d'une altitude moyenne de
2.270
mètres,
divisé en
118
villages peuplés à peu près en propor–
tions égales d'Arméniens et de Kurdes; les Sassou-
niotes, qui restèrent indépendants même des rois
d'Arménie jusqu'au milieu du quatorzième siècle, ont
toujours tenu tête aux envahisseurs successifs. En
m
Fonds A.R.A.M