P O U R
L ' A R M É N I E
inattendue, se débandèrent; plusieurs furent tués.
Dervich agha, tyran du village, fut frappé par une balle
au moment où i l dépouillait un fédaï mort et son frère
tomba comme lui.
Les révolutionnaires se rallièrent alors, puis, divisés
à nouveau en deux bandes, tentèrent en vain de prendre
possession de postes sûrs au flanc des collines. Les
troupes turques les avaient précédés. La nuit venue,
elles pensèrent en terminer aisément avec des adver–
saires qu'elles estimaient las et découragés. Elles
furent reçues à coups de revolver, et les fédaïs s'étant
couchés à terre sur l'ordre du chef, elles s'entretuèrent
dans l'obscurité. Les Turcs et les Kurdes eurent
trois cents morts, les fédaïs quinze seulement.
Mais après le départ de la bande, les Kurdes se ven–
gèrent terriblement sur le village de Khassdour : ils
tuèrent plus de deux cents hommes, femmes et enfants,
violèrent et enlevèrent toutes les jeunes iilles, pillèrent
les maisons et les deux églises de l'endroit, la grégo–
rienne et la catholique. Puis ils attaquèrent et
dévastèrent de même les villages avoisinants de Zekkan,
Koschian, Âmad, Eghin Tépé et Mollah Suleïman.
Comme de coutume un iradé impérial survint aussitôt
le massacre terminé, ordonnant de protéger les villages
arméniens contre les agressions des Kurdes.
Parmi les survivants, trente-cinq personnes furent
arrêtées et emprisonnées à Alasgherd ; elles y restèrent
un an, soumises chaque jour à la torture et à la baston–
nade ; puis, après transfert à Bayazid, vingt-huit furent
relâchées et des cinq autres prisonniers deux, dont le
maître d'école, condamnés à la prison perpétuelle, trois
à trois ans seulement ; ils subissent leur peine dans la
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Fonds A.R.A.M