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° Massacres proprement dits : Zeïtoun
et Sassoun
Le système des assassinats isolés n'a point fait aban–
donner tout recours aux massacres proprement dits.
L'un des plus importants fut le massacre de Khassdour.
Le
26
octobre
1900,
une bande de
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Arméniens,
porteurs d'armes, avait pénétré dans la région Nord du
vilayet d'Erzeroum ; elle s'arrêta pour prendre quelques
heures de repos au village de Khassdour, à trois heures
de Toprak Kalé. L'un des fédaïs était natif du village;
il proposa à ses compagnons de les héberger, pour la
nuit, dans sa maison. A la nuit en effet la bande entra
dans le village, où elle fut accueillie par le maître
d'école Hatchik, qui veilla sur son sommeil.
Au point du jour, les révolutionnaires se levèrent,
préparèrent leurs bagages, graissèrent leurs fusils. Vers
les dix heures du matin, une femme vint annoncer que
l'ennemi arrivait. Les fédaïs se divisèrent alors en
groupes de dix hommes et ne tardèrent pas à voir
arriver, en grand nombre, les soldats de S. M. I . le
Sultan. Ceux-ci n'étaient guère disposés à l'attaque.
Le chef de la bande arménienne s'adresse alors à ses
camarades : « C'est à vous, dit-il, d'effacer la tache de
servitude qui noircit notre visage ; vous êtes en pré–
sence des gens qui égorgent sans pitié, sur l'ordre seul
de la Bête Rouge ; notre patrie ensanglantée réclame de
vous la sainte vengeance que méritent ces bandits. »
Alors chacune des petites troupes de dix hommes, à
travers les balles, se rua brusquement, sur des points
divers, contre les troupes qui cernaient le village. Les
soldats turcs, surpris par une attaque aussi brusque et
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Fonds A.R.A.M