Pierre Quillard
Arabes de Chammar; dans nn premier engagement
ses hommes, munis cependant de fusils, reculèrent
devant leurs adversaires armés seulement de lances et
d'épées. Un détachement de troupes turques, trois mille
soldats, sous les ordres d'Azamet pacha, assistait à la
bataille sans y prendre part. Le chef hamidié s'en alla
trouver le général, jeta trois fois par terre ses décora–
tions, promit de l'argent. Les troupes intervinrent alors.
Les Arabes firent signe qu'ils ne voulaient pas com–
battre contre l'armée régulière ; en vain ; tout ce qui ne
s'enfuit pas fut massacré; vingt-cinq mille chameaux,
chevaux, bêtes domestiques furent enlevés, les femmes
et jeunes filles violées, les jeunes garçons emmenés
pour être vendus.
I l n'y a pas d'exemple que l'un quelconque des
hommes qui jouent en plus petit, dans les provinces,
le rôle d'Abd-ul-Hamid ait jamais été châtié ou sim–
plement inquiété. I l advint en
1897
que Zafar bey fut
menacé d'incarcération : le vali de Van avait obtenu
un iradé contre lui ; aussitôt Zafar machina une ren–
contre avec de pseudo-révolutionnaires, annonça télé-
graphiquement qu'il les avait battus, pilla quelques vil–
lages et d'accusé se transforma en héros et en martyr.
De même, en septembre
1898,
Hadji bey, agha des
Kotchères, chef de la cavalerie hamidié, pille et brûle
huit villages ; le transport du butin dura une semaine ;
il tue à proportion et brûle vivantes trois personnes.
Dès que Zékhi pacha fut informé de l'événement, i l
télégraphia au gouverneur de Bachkhalé : « Je compte
sur vous pour sauvegarder l'honneur des soldats de 'Sa
Majesté ». Il en fut ainsi ; tous les témoins nièrent les
faits les plus évidents.
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Fonds A.R.A.M