ment l'allié des aghas et bey kurdes les plus voisins de
sa résidence, et i l contracte des amitiés lointaines,
toujours' avantageuses. C'est ainsi qu'il est dans les
meilleurs termes avec Moustafa pacha de Djézireh.
Celui-ci a établi une véritable administration de pil–
lage le long du Tigre; selon que les marchandises
d'Asie Mineure descendent vers Bagdad par radeaux
ou par caravanes, les Kurdes, qu'il a préposés à la
surveillance du fleuve et de la route, les pillent sur
terre ou sur eau. Lui-même a défini très exactement la
règle de sa conduite : « Je suis un homme qui a su
pénétrer l'esprit et le cœur du gouvernement turc ; j ' ai
choisi deux moyens pour satisfaire tous nos désirs:
l'un c'est l'épée, l'autre l'argent; quand on me graisse
la patte, je prends l'argent; quand l'argent ne peut pas
jouer son rôle, c'est alors que je prends l'épée. » Ses
parents, un certain Tahir agha entre autres, travaillent
à son exemple : ils lèvent l'impôt, prennent sans payer
dans les boutiques les objets à leur gré, envahissent
les maisons pendant la nuit et tuent les gens récalci–
trants qui ne donnent pas assez vite l'argent caché.
Mais aussi Zékhi a sa part du butin ; i l reçoit chaque
année, à Erznighian, le tribut de Moustafa pacha, soit
cinquante mulets chargés d'huile, de fromage, de pro–
visions de toute sorte et surtout de monnaie d'or rouge
bien sonnante.
L'entente entre les représentants de Hamid et les
brigands locaux est si parfaite qu'elle s'étend même
jusqu'au massacre des musulmans : au printemps de
1901,
Ibrahim pacha, l'un des bourreaux de Diarbékir,
officier hamidié, chef de tribu kurde, après avoir razzié
plus de deux cents villages, entra en lutte avec les
Fonds A.R.A.M