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° Perception des impôts
Tant dans la plaine que sur la montagne, les Armé–
niens sont mélangés aux populations musulmanes et
surtout aux Kurdes qui exercent sur eux depuis un
temps presque immémorial une sorte de suzeraineté.
Les chefs des
achirets
(
tribus) kurdes, les unes séden–
taires, les autres nomades (Kotchères) prélèvent ainsi
l'impôt de
khafirlik
(
impôt de mécréant) aux dépens de
ceux dont ils se disent les
aghas
ou maîtres, qu'ils sont
censés protéger et qu'ils protègent en effet quelquefois
avec une certaine loyauté contre les incursions et pil–
lages des autres tribus.
Le gouvernement de son côté a établi de lourds
impôts, aggravés encore par le mode de perception.
Voici en effet quelles étaient, avant les massacres, en
temps normal, les charges pesant sur une famille armé–
nienne, évaluées en piastres : la piastre vaut un peu
moins de
a5
centimes et la livre turque vaut
100
piastres
or. La cote personnelle est de
4
o
piastres par mâle, à
partir de la naissance, payée seulement en principe à la
majorité, mais en fait, dès la naissance où même avant:
car les percepteurs turcs déclarent volontiers que toute
femme enceinte accouchera d'un garçon. L'impôt sur le
revenu atteint de
100
à
200
piastres par famille. Pour
chaque meule à blé,
3
o
piastres ; pour chaque métier à
tisser,
3
o
piastres ; pour chaque charge d'herbes coupée
dans la montagne,
2
piastres ; par tête de mouton,
5
piastres; enfin le huitième et même le sixième des
récoltes va au fisc. Une quittance annuelle est délivrée
à chaque famille, moyennant une somme de
100
piastres
pour « graisser la patte » de l'agent du fisc.
Les Kurdes, en outre, se font donner chaque année
Fonds A.R.A.M