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° Interdiction de circuler
I l est interdit aux Arméniens non seulement d'aller
de Turquie à l'étranger, mais même de circuler de pro–
vince à province, de ville à ville, de village à village ;
tout Arménien qui se hasarde à rentrer de l'étranger à
Constantinople est aussitôt arrêté, eût-il un passeport
en règle. I l en résulte que, dans les campagnes, en
organisant la famine par mesure administrative, i l est
fort aisé de faire mourir sur place un nombre notable
d'individus (famine de Van en
1896, 1897),
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> dans
les villes, le commerce arménien est entièrement ruiné.
Par une répercussion imprévue, le commerce euro–
péen souffre aussi de ces mesures de police qui semble–
raient devoir simplement le déba r r as se r de concurrents
actifs et intelligents. Un Européen établi depuis long–
temps à Constantinople écrivait à la un de l'année
1901 :
La plus grande et la plus sérieuse difficulté du moment
présent et celle qui pèse le plus cruellement sur les Armé–
niens de la classe commerçante, c'est que toutes sortes
d'obstacles sont mis sur le chemin de ceux qui quittent
leurs villes ou leurs villages. Par exemple, j e connais le cas
d'un homme qui depuis deux ans cherche à obtenir la per–
mission de venir de Brousse à Constantinople, pour toucher
les créances qui l u i sont dues dans ses affaires. La permis–
sion a été constamment refusée.
Je connais une compagnie dont les affaires étaient trai–
tées surtout par des Arméniens (commis-voyageurs). Son
commerce a été ruiné simplement parce que les Arméniens
ne pouvaient pas obtenir la permission de voyager. I l y a
littéralement des centaines de cas semblables et l'accrois–
sement de la pauvreté en Asie Mineure — et par suite la
diminution des affaires européennes — est largement dû
aux obstacles qui empêchent les Arméniens de quitter leur
résidence.
Fonds A.R.A.M