ANANOUN
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Dès le point du jour ils sont réunis au repas commun
Alors d'Hérodiade est venue la fille au charme égarant
Au festin du roi elle est descendue, devant lui paraît
Et sa chevelure ondule, on dirait le serpent royal
Et son œil immense est tout ondoyant comme la mer bleue
Ses seins sont couverts d'un réseau de perles, collines fleuries
Et sa joue vermeille surpasse en éclat la grenade mûre
Ses pas mélodieux et ses doigts agiles font un bel accord,
Elle se déhanche, ondoie, tourbillonne pour le roi Hérode,
,
Elle est la perdrix qui sautille et vole, revient, se reprend,
Ne peut résister à sa danse, Hérode il cède à l'extase :
«
Pille d'Hérodiade, en quelle faveur tant de véhémence,
Ma gloire suprême est prête à entendre le vœu de ton cœur ».
Et le roi lui dit le mot qui l'oblige : « En tes mains, ma gloire ».
Pousée par sa mère Salomé réclame le chef de Saint-Jean.
«
Accorde-moi, roi, la faveur que l'on décapite Jean
Ce fameux Baptiste qui sur le Sauveur imposa les mains ».
Hérode est chagrin, mais le roi ne peut renier son vœu :
Aussitôt il fait mander le bourreau pour l'exécuter
Et sur un plateau voici qu'il apporte et montre l'offrande.
Or, jusqu'à ce jour, la terre est en pleurs, sombre le désert
Mais le testament dit l'avènement du Christ en enfer
«
Morts ne dormez pas dans le désespoir, la Croix vainc la mort
Et la Charité du Christ nous promet la Résurrection ».
Gloire à toi, Sauveur, aujourd'hui et dans les siècles, amen.
(
Léon Robel.)
Fonds A.R.A.M