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POESIE
ARMENIENNE
Car qui me dit que je vivrai une aube encore, un crépuscule ?
Simple est dans la paume de Dieu l'aller-venue de l'homme au
monde...
Ma vérité tombe en chemin tant les menteurs se multiplient ;
Vingt serviteurs, nul retenu, — j'en ai assez de tout seigneur.
Ce monde ne restera pas que l'on festoie ou que l'on jouisse,
Fils d'Adam gorgé de lait cru, que maudit soit ta nourriture !
Ma longue attente est épuisée, je n'en peux plus de flatteries,
Quand l'ami devient l'ennemi, — j'en ai assez de tout rival.
Sayat Nova dit : — mon malheur se multiplie... Et rossignol
Sans un demain tant aujourd'hui se multiplie mon amertume,
Ne suis que pleurs : la vermine se multiplie sur mon rosier
Qu'on ne laissa fleurir à temps, — j'en ai assez d'être effeuillé.
(
Gérard Hékimian.)
Fonds A.R.A.M