SAYAT
NOVA
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Errons et causons ; des larmes du soir l'arbuste se mouille,
Des vers et des airs, pavots de couleur, la rose s'entrouvre,
De touffes de lys, d'oiseaux vagabonds, la vigne s'emplit...
Entre au parc, parée, que mon saz te loue ! Bien-aimée, j'étouffe.
L'hommage t'est dû : pareille à Leïla, tu as son éclat ;
Ma raison s'enfuit !... Restent tes cheveux sur une clôture,
La vigne rougeoie, le rossignol dort tout près du rosier...
Entre au parc, parée, que mon saz te loue ! Bien-aimée, j'étouffe.
Vêtue de brocards, de soies chamarées, taille de cyprès,
L'amphore, et ce bol que ta main remplit, tends-le moi : j'en
meurs !
Ah, accours au parc et déchire-le ton Sayat Nova !...
Entre au parc, parée, que mon saz te loue ! Bien-aimée, j'étouffe.
CHANT 53
Ce monde ne m'est que croisée, — j'en ai assez des arcatures ;
Celui qui rend compte on le troue, — j'en ai assez des
meurtrissures ;
Hier fut bon, mais aujourd'hui..., — j'en ai assez des jours qui
durent ;
L'homme souvent change et varie, — j'en ai assez de tout ce jeu.
Entre au parc, parée, que mon saz te loue! Bien-aimée, j'étouffe.
Homme celui qui dans ce monde est couronné par la confiance !
Ce monde ne restera pas vont proclamant les philosophes,
Comme un oiseau je veux m'enfuir, — j'en ai assez de tout
verger.
Fonds A.R.A.M