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POESIE
ARMENIENNE
Du feu qui me consume on ne voit la fumée.
La terre même ne peut plus boire mes pleurs.
Que peut Dieu, s'il ne peut secourir une fleur ?
Saluez de ma part les nôtres au pays !
Je hais l'Agha Sehdi et son bel habit blanc :
Par ses méfaits il a couvert ma vie de noir,
J'ai dû vivre sous la sujétion étrangère.
Saluez de ma part les nôtres au pays !
Vois, là-bas, le convoi des captifs qui s'en vient !
Poitrines et visages sont ensanglantés.
Ma vie vous sois offerte, ô captifs arméniens !
Saluez de ma part les nôtres au pays !
Ma chère mère avait pour nom Sophie.
Ils saccagèrent le verger, le potager.
L'armée fit irruption, me vouant au malheur.
Saluez de ma part les nôtres au pays !
Les bourreaux m'ont prise et m'ont fait prisonnière.
De la riche Agoulis ils m'ont conduite ici.
Mes yeux brûlent, rongés par mes larmes amères.
Saluez de ma part les nôtres au pays !
(
Armand
Monjo.)
Fonds A.R.A.M