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POESIE
ARMENIENNE
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Je suis la colombe sauvage,
Tu ne peux, homme, me saisir ;
Je me fondrai dans le sillage
Des oiseaux, afin de te fuir.
Tu ne me saurais retenir,
Quand bien fût-elle d'or, ta cage !
Pourrais-tu la terre infléchir,
Tu ne m'auras en esclavage.
En ce monde où rien ne demeure,
Il est deux maux qui sont regret ;
L'un est l'amour en sa chaleur,
L'autre c'est le froid de 1" « après ».
Quand l'amour meurt et disparaît,
Rien n'y fait, la plaie suinte et pleure ;
Triste est le jeune amant pauvret
Qui en vit pas plus qu'il ne meurt.
Combien j'envie et je bénis
Celui qui enlève sa belle
Et fuit ! Sitôt le pont franchi,
Le flot monte et le démantèle.
La neige est tombée et la grêle
Efface les pas réunis.
Puis au jardin menant sa belle,
Sa bouche embrasse en plein midi.
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L'exil sans cesse en ma mémoire,
Je m'assieds et bois mon chagrin.
Fonds A.R.A.M