NAHAPET
KOUTCHAK
L'amour qui par l'argent se paye,
Par la feu doit être immolé !
Avec la pomme amour se fait,
Et du sucre dûment pesé.
Je suis l'œil et toi la lumière ;
Sans lumière l'œil est de nuit.
Moi le poisson, toi la rivière ;
Sans eau le poisson ne survit.
Mais le poisson retrouve vie
Si on le plonge dans l'eau claire.
Moi, si nous sommes désunis,
Cette heure même est ma dernière.
En descendant de notre ville
Je vis un crâne décharné,
Du pied le fis rouler, docile :
Il m'éclata de rire au nez !
Et me dit, en m'ayant nommé :
«
Que fais-tu là, jeune homme habile ?
Hier, comme toi passionné,
Aujourd'hui me voici fossile ».
Pourquoi te consumer ainsi ?
Ton visage a perdu son teint ;
La mort l'a-t-Elle donc ravie,
Ou s'est-Elle enfuie au matin ?
De par Elle je suis éteint,
Mon visage a couleur d'ennui,
Elle a mon âme entre Ses mains,
Je suis plus vide que la nuit.
Fonds A.R.A.M