départ du train.
Je
craignais à chaque instant de voir arriver
ua^employé pour me faire descendre. Enfin un signal est
donné; le train s'ébranle. Quelle joie! Nous partons enfin.
Je
suis surprise de rencontrer l%de vieilles connaissances. Elles
avaiçgfjféussi à gagner un employé moyennant quelques
livfesjhtfques. Nous traversons l'Euphrate sur un pont. A
mi-chemirfj|^]contrôleur vient vérifier les billets. Mon tour
arrivé, je m'excuse de ne pouvoir lui présenter le mien, car
voyageant pour la première fois, j'ignorais qu'il faUaît le
prendre à l'avance.
Je
lui glissai discrètement deux medjijL
diésdans là main en lui disant que c'était tout ce que je pos-'
sédais. I l demanda un supplément de cinq piastres que je
m'empressai de lui accorder bien qu'il ne me restât que huit
piastres pour tout viatique.
Il faisait nuit quand nous arrivâmes en gare d'Alep. A la
clarté de la nuit la ville me parut au loin fantastiquement
belle. Nous nous disposions à descendre du train, lorsqu'on
vint nous signifier l'ordre de ne pas bouger de nos places,
car les autorités avaient décidé de nous envoyer à Hama.
Je
savais à quoi m'en tenir sur cette tactique des autorités qui
consistait à nous envoyer toujours plus loin, en nous faisant
croire que l'étape prochaine serait la dernière. Alors me
revint à l'esprit le mot d'unTurc, conducteur d'âne^ Comme
je lui exprimais mon étonnement qu'on nous conduisit d'un
point à un autre, en nous leurrant sans cesse de l'espoir
qu'on n'irait pas plus loin, je voulus savoir pat* lui où sTurrê-
terait notre voyage. « Votre voyage, me répondit-il, ne finira
qu'à l'endroit où vous serez crevée. Voilà la vérité ». ,Cë
propos me parut alors entaché de malveillance. Pourtant
c'était l'expression même d'une vérité que je n'ai jamais
Fonds A.R.A.M