lever, comme pour essayer mes forces, mais n'y pouvant
réussir, une voisine me vint à l'aide. Une fois debout^je
me sentis comme pétrifiée sur place, néanmoins je
J f i s
quelques pas en avant afin de m'entrâîner à la margfcie et
j]arrivais, toujours soutenue, jusqu'à l ' endroi t b
'
y
se^rouvait
le groupe de mes connaissances. ToutestdSpe témoignaient
la joie de me revoi r ; mes amies m'accueillirent les larmes
aux yeux ; elles me croyaient perdue, tombée sur la route
t omme tant d'autres.
L'usage s'était établi entre gens »d'une même localité de
vivre ensemble, de façon à pouvoi r se compter ou s'entraider
au besoin ; si grande était la cohue, si désordonnée était sa
marche, par suite de l'allure rapide à laquelle était contrainte
la caravane, qu ' i l arrivait souvent que les unes restaient
séparées des autres. On ne se retrouvait qu'à l'étape du soir,
mais cela n'allait pas sans difficulté. Chaque nui t , le camp
au repos retentissait des cris d'appel de ceux qui cherchaient
dans la foule soit un ami , soit un parent. La caravane
semait tant de victimes, sur les sentiers, que la disparition
de quelqu'un était considérée comme définitive. Pour ne
point s'égarer, les membres d'une même fami l le se tenaient
par la main pendant toute la durée de la marche, formant une
chaîne de cinq à six personnes qu i ne se disloquait qu'au repos.
Cependant à Soroudj on nous permi t , par faveur spé–
ciale, d'aller en ville faire des emplettes. Je fus tentée de m' y
ré^jgier au moins jusqu'à guérison complète. Une amie
s'offrit de m'aider à aller jusque là. J'y consultai un médecin
dpnt les soins me procurèrent le plus grand bien. Puis on nous
conduisit dans un
khan
(
i) occupé par des coreligionnaires
(
i ) Hôtellerie t u r q u e .
Fonds A.R.A.M