rant. Vous pouvez jtager par les ennuis que l l e vous a causés
du supplice que j ' endure moi -même . T r o i s enfants
à
traîner . . . Souvent je pense qu ' i l vaudrai t mi eux , pour nous
^ûus, mou r i r . Nos ennemis pourraient - i l s infliger.à unê-jnère
une plus cruelle souffrance. Mo i qu i avais ^élevé ces enfants
avec tant de tendresse et de délicatesse. Au moins
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i£*pou-
vais leur sauver la vie !... »
Le lendemain j'étais si malade que j'étais incapable de
me mouvo i r . Une épidémie d' ophtalmie s'était déclarée et
j'avais contracté le ma l . J'avais les paupières si enflées qu'à
peine je pouvais di st inguer la route . Bon gré ma l gré, je
m'attardais pa rmi les éclopés. Fo r t heureusement, un gen-
^ ï m e était là pour vei l ler sur nous. Au surplus , sur chaque
pi ed, j'avais une dizaine de plaies purulentes . Les épines que
je n'avais pu enlever avaient causé une i n f l amma t i on que les
interminables marches ne faisaient qu'aggraver. Malgré la
f a im qu i me t i r a i l l a i t je ne pouvais manger le pa in qu ' on
nous vendai t . I l était si mauvais ce pa in . Je me contentai de
mo n eau. Ce jour-là, je t omba i sur la terre humi de et je
m'étendis inanimée, la tête sur une pierre . L'état de repos eut
pour effet de réveiller mes douleurs et par suite de sup*
p r ime r le somme i l . Pendant u n j our et demi je restai sur
place, immob i l e . Comme je me trouvais au mi l i eu de gens
inconnus , je donnais une piastre à une femme pour qu'elle
alj£t me chercher de l 'eau. Je m'en humec t a i la langue
de&échée de lièvre.
Pour la première fois depuis t roi s moi s que nous étions
sur les routes, les autorités nous f i rent une d i s t r i bu t i on de
p f i n . On m' a jeté u n morceau de pa i n . J'en mangeai une
bouchée, je bus une gorgée d'eau puis m' endormi s . Je ne
Fonds A.R.A.M