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:
M
pouvais-je aller loin avec ce fardeau
?
Je
le dépose a terre et
je l'entraîne de force. Elle hurlait de douleur.
Je
veux
P&jrayer en lui montrait les Kurdes qui étaient à nos
trousses, mais elle ne voulait rien entendre. La pauvre
enfant n'en pouvais plus.
Je
'
pleurais de désespoir.
Je
la
prends encore une fois sur mes épaules et, par un effort
suprême, je rejoins le gros de la caravane. Alors elle se
souvint qu'elle avait faim.
Je
me rappelle que je n
'
gws
moi même rien mangé de la journée. Quel cœur eut été
insensible à la souffrance d'une gentille enfant !
Elle n'était pas seule à souffrir, hélas ! Tous les enfants
de la caravane marchaient nu-pieds sur cette route hérissée
de cailloux et d'épines. On n'entendait de tous côtés que
pleurs et gémissements. Pendant ces horribles journées
un bruit monotone montait de la caravane pareil au bruis–
sement d'un essaim d'abeilles. C'était le concert de pleurs,
des gémissements, des lamentations de cette .foule marty–
risée.
Cette tragique rumeur nous enveloppait, emplissait
l'espace, se répercutait dans les vallées et jusqu'aux monta–
gnes lointaines.
Je
l'aurai éternellement dans l'oreille cette
plainte d'un peuple agonisant.
E t la soif donc ! Au cours des deux derniers jours on
avait été privées d'eau. Encore une fois on compta quelques
victimes de la soif, et le martyre vint s'ajouter à notre fatigue
et aux blessures saignantes. C'est dansées conditions^ue
nous faisions des journées de douze heures de marche. Le'
soir ayant campé dans une vallée où nous devions passeï^
nuit, je rendis l'enfant à sa mère en lui racontant les aven–
tures de la journée. « E t moi donc, s'exclama-t-elle en'pleu-
Fonds A.R.A.M