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une condamnée. J èpa menais jusqu'à l'endrçd$* où je vis
luire le feu d'une cigarette, et je -m'arrêtai erFlui indiquant
la direction. Un moment restant sur place, je pus entendre
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ps supplications pour qu'on l'épargnât dans son honneur.
Elle revenait le lendemain, la tête disparaissant sous un
voile ; de honte elle n'osait se montrer . El le se priva tout le
long du jour de nourriture et n'adressa la parole à personne.
Puis elle disparût vers le soir. Elle étai$ allée probablement
se jeter dans la rivière que nous venions de traverser ».
Le lendemain, la caravane se^ remettait en route sous la
conduite de ses nouveaux gendarmes. Je marchais affaiblie/
blessée et dans un état de lassitude inexprimable, J'avais les
extrémités enflées, au point que je n'arrivais pas à mettre
mes souliers. Je déchirais un corsage dont je m'entourais les
pieds, mais à chaque pas je me blessais aux cailloux et aux
épines de la route poudreuse. D'ailleurs, la plupart mar–
chaient pieds-nus, même les femmes appartenant aux classes
élevées de la société. Dès le début toute [distinction de
classe avait été abolie entre nous. Le niveau dans l'opprobre
et la misère avait passé sur nous toutes. J'ai vu pins
d'une fois des paysannes donner une chemise à de grandes
dames réduites à l'état de nudité complète.
Après quelques jours de marche, nous nous arrêtons dans*
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une localité nommée Han . I l y avait là une grande église
don t i l ne restait que la porte et les quatre murs. On nous y
entassa et les gendarmes fermèrent la porte. A~ l'intérieu^
s'ouvrait un puits dont nous nous préoccupâmes de mesurer
la profondeur en y jetant un caillou. Habituées au malheur e t .
sans cesse dans l'attente du pi re , l'idée nous vînt que q p
n'était pas sans intention qu'on nous y avait enfermées. Pour-
Fonds A.R.A.M