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bourreaux nous laisseraient désormais tranquilles. Tel ne
fin-'pas le cas. Toute la huit,* une trentaine de ces brigands
ne cessèrent de nous harceler d'heure en heure régulièrement,
en prononçant dés mots religieux. Ils faisaient le tour du
camp et s'entraînaient à l'attaquer. Ils nous frappaient de
eurs gourdins, ils nous menaçaient de leurs poignards. Ils
eur fallait de l'or. A défaut, ils prenaient tout ce qu'ils pou–
vaient. Ils rafflaient toutes les hardes qu'on avait mises à
sécher. A beaucoup on ne laissa qiie la chemise, à d'autres
on ne laissa-même pas cette piècfede vêtement pour couvrir
leur nudité Jusqu'au matin nous tremblâmes dans nos vête,
ments mouillés.
La nuit était venue. La lune éclairait la plaine et la rivière.
Sous la clarté lunaire, la nature belle et paisible, semblait
insulter à jiotre malheur. Perdues dans ce coin du monde
barbare, nous étions, femmes et enfants, sans défense aucune
à la merci de ce déchaînement de cruautés surhumaines et,
pour comble de détresse, il n'y avait là aucun être -conscient
our témoigner de tant d'injustice et de crimes. Aujourd'hui
k^emme arménienne élève la voix pour protester devant le
monde civilisé contre les tourments et les outrages dont elle
a été abreuvée. Elle tend ses mains suppliantes vers les
nations désintéressées et justes pour qu'elles entendent ses
plaintes et se fassent le champion du droit naturel violé.
Bien que j'eusse été détroussée et battue, je peus me flat–
ter, néanmoins, d'avoir été parmi celles qui furent le moins
maltraitées. I l y eut des femmes à qui l'on infligea unl|
vingtaine de fois la bastonnade. Quelques unes expirèrent
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sous le bâton.
Le lendemain nous vîmes arriver dans le camp une
Fonds A.R.A.M