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était.surtout applicable aux malheureuses déportées. Que de
femmes ont accouché pendant une marche , sans compter*.Xg
celles qu i avortaient. Aussitôt délrâpées, aucune pitié pour .
elles, elles couraient sous le fouet des gendarmesyEl les ne
cessaient de marcher qu'en mourant avec l ' enfant q u i venaï lP
de naître. U n j ou r une femme se tordai t d^ris les douleurs de
l'enfantement l or squ ' un gendarme v i n t l u i prendre ses
hardÉs. I l ne l u i avait rien laissé pour envelopper le nouveau-
né qu i grelot tai t de f r o i d . Une déportée se hâta de le couvr i r
d'un vêtement. C i nq minutes ne s'étaient pas écoulées que
l ' ordre de par t i r était donné, de sorte que l'accouchée dût se
lever pour emboîter le pas. El l e marchai t en laissant derrière
elle un sillage de sang. Pour comble de malchance^ ce jour-là
nous eûmes à gravi r une pente escarpée si bie{|>aue je dus
pour mon compte louer un âne. Dans ces condi t ions i l n'est
pas douteux qu'elle ait succombé en chemin avec son rejeton.
Une autre malheureuse dont le cas était semblable dût se
lever, fouaillée par un gendarme. Son nouveau-né elle
l'avait confié à une femme qu i p r i t les devants, car elle-même-
n'alla pas bien l o i n . El l e t omba i t bientôt pour nç plus se
relever. Arrivée à l'étape, la femme , embarrassée du nougaft
risson, le présenta au mud i r du village en l u i disant qu'elle
n'avait pas de l a i t à l u i donner . Le Tu r c se mon t t a charitable.
y
et p r omi t d'eji prendre soin. U n gendarme de son côté,
opta un bébé abandonné, q u ' i l confia à une l emme de la
vane. Ce barbare témoignait d une telle souici tude pour
sôiviils d' adopt ion que nous en restions confondues .
f ous les viei l lards et les enfants, ou presque, périrent, ou
ces de fat igue, ou par la cha l eur . Souvent le temps man–
quai t pour les ensevelir.
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Fonds A.R.A.M