Un jour le fils d'une dame se mourait et nous n'avions
que dix minutes pour le mettre en terre. Qu'on me donne au
moins le temps d'inhùf%£r mon enfant, suppliait la mère.
J'aflais en hâte demander à une robuste paysanne de creuser
fosse, mais elle ne disposait d'aucun out i l pour accomplir
ce travail. Noçsnpus mettons à chercher moi et la mère qu i
paraissait à ce moment moins préoccupée de la mor t de son
enfant que du souci de l'abandonner sans sépulture. Tout à
coup, j'aperçois, une femme penchée sur une fosse ouverte.
Une petite pioche se trouvait à côté d'elle. «Veux-tu me
prêter c'et out i l ? » l u i demandai-je.
—
Volontiers, répondit-
elle, mais en retour aide-moi à fermer la fosse, car je n'ai
pas le courage de jeter fa terre sur le corps de mon enfant.
Je promis de l u i donner satisfaction et la paysanne fut
accomplir sa besogne.
La grand'mère, Madame Marian, attendait portant le
corps de son petit fils dans les bras. Prenant mon courage à
deux mains, je recouvris les deux fosses, et comme je récitais
uiTe pçière, voilà que surgissent des gendarmes. I ls nous
apostrogjient vivement : « Comment osez-vous encore
%
iterrer vos morts ? Combien de fois faudra-t-il vous di re
que c'esj défendu ? Vous n'avez qu'aies jeter sur la route.
Les chiens tes mangeront bien ». E t sur ces mots ils nous
dispersèrent.
Fonds A.R.A.M