quantité de liquide qui m'était nécessaire, fhais un jour que
l'étape fut plus longue que je ne l'avai&prévue, ma provision
se trouva épuisée bien avant que je ptiïsse la renouveler. *
Au début du voyage, alors que j'étais encore'en possession
de m^s forces, je supportais la soif sans trop faibl i r . Aussi je
m'abstenais de toute boisson suspecte et je m'appliquais aussi
à en dégoûter les autres. Toutes les fois que je voyais des
%
paysannes se pencher sur une eau stagnante, je m'empressais
de leur crier qu ' i l y avait là un cadavre. Les unes s'abste-
^ l a i e n t mais le plus grand nombre buvait. Cependant on
s'habitue à tout. Un jour que j'avais la gorge desséchée, je
me désaltérais dans les eaux de PEuphrateoù flottaient devant
mo i une vingtaine de cadavres.
Combien est puissant l'instinct de conservation ! ^No s
ennemis nous donnaient le droi t de vivre et s'étudiaient parti–
culièrement à nous en enlever les moyens. Et pourtant Ton
s'accrochait à la vie. Quand je pense à tout cela, je me
demande d'où venait cette force de résistance qui m'a permis
de,braver le pi re . Plus d'une fois je fus sur le point de suc-
t
comber, mais i l semble qu ' i l y aitdans tout être huma in ungj
réserve d'énergie qui surgit au moment vetriu. Le soir venu,
j e tombais inerte à l'endroit même où je m'étais arrêtée.
'
J'avais mal dans les flancs, le f ro id me saisissait et je toussais
horr iblement . Lé tat de prostration où j'étais dans ces
moments me faisait douter que je puisse aller plus l o i n .
Cependant le lendemain j'escaladais toute une montagne. Je
transpirais et me trouvais guérie. Te l était également le cas
S*mes compagnes.
>n a vu que pendant ces deux mois les Turcs faisaient
ma in basse sur tout enfant âgé de
7
à
16
ans.
Fonds A.R.A.M