exténuée qui s'était laissé tomber sous un arbre pour agoniser
dans les bras Tune de. l'autre.
J'ai passé à côté d'untfrîemme enceinte qui, résolue à mourir
sur place plutôt que d'aller plus loin, faisait ses adieux à sa
sœur qui la quittait avec ses erïfants. A la longue cependant
le découragement finit par émousser les sentiments affectifs.
La sœur abandonna la sœur, la mère son enfant et celui-c
sa mère.
Normalement nous marchions de
6
à
7
heures par jour
Parfois nos bourreaux nous imposaient des randonnées
plut
longues. La marche devait se régler sur celle des gendarmes
montés à cheval. On nous accordait un moment cle répit
toutes les deux heures. Je n'en profitai guère pour mon
compte, car je marchais à la tête de la caravane, mais la
lassitude m'obligeait à ralentir la marche, de sorte qu'à
l'étape je me trouvais à la queue. Au lieu de m'y reposer, je
me hâtais de reprendre ma place. Je ne me reposais que les
nuits, mais la souffrance que me causaient mes membres
meurtris me privaient du sommeil. Tous les soirs nous nous
frottions les pieds et les jambes avec de l'eau salée, opération
nécessaire, mais douloureuse à cause des gerçures dont la
peau était crevassée. Au réveil, nos muscles avaient contracté
une rigidité qu*.nous clouait sur place, incapables de mettre
un pied devant l'autre ; mais les coups de fouet de nos gar–
diens nous rendaient raisonnables, et bon gré, mai gré n
marchions sans fin sur les routes sans fin.
L a nuit, on ne dormait que d'un œil. Les montagnards
ne cessaient de nous harceler. Ils portaient des costumeS
bizarres, inconnus dans les autres parties de TAnatotie.
L §
J M *
énorme turban leur donnait un aspect monstrueux. Leurs
Fonds A.R.A.M