pièces qui nous restaient. L'argent, on l ' av&t dissimulé cfcfns
le lait caillé, dans les hachis de viande, dans la pâte du pain,
entre deux semelles de soulier, dans le savon. Combien dût
être agréable la surprise des p i l l y d s lorsqu'en faisant leur
lessive, ils virent des pièces d]or ruisseler au fond des baquets,
l ' o r avait été caché dans des pelotes de f i l , . o n l'avait trans–
formé en boutons cousus aux vêtements. Une femme avait
caché.cent livres au fond d'un seau et se plaignait qu ' on l u i
avait enlevé l'argent en même temps que cet article de
ménage. Mais à l'heure même où leurs persécuteurs croyaient
leur avoir pris jusqu'au dernier
para,
ces femmes avaient
réussi à garder devers elles une insaisissable réserve de piècdSÉ
d'or, soit en les avalant, soit en les introduisant dans leur
corps par d'autres moyens. Elles savaient que les espérances
de vie étaient limitées aux ressources disponibles et que,
celles-ci une fois épuisées, c'en était fait d'elles.
Tous ceux qui pour une cause ou une autre, négligèrent
de se précautionner avant de se mettre en route ne tardèrent
pas à périr d'inanition. U n j our , Madame X. . . , qui appar–
tenait à l'une des plus riches familles de Samsoun, venait me
trouver avec ses enfants. Elle me confia qu'ils n'avaient rien
mangé depuis deux jours. Elle pleurait, tandis que ses enfants
me regardaient en silence. Je l u i donnai tout mon pain. La
jlame le plaça devant les enfants qu i se jetèrent dessus avec
Wavidité qui m'arracha à moi-même des larmes.
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Les dames Doniki an, Mar ini an, Abrahamian, Mer i em,
Çokuthian portèrent l'argent et les bijoux à Zeïné bey, en le
suppliant de se contenter de ce modeste présent. Elles regret–
taient de ne pouvoir faire davantage, tant était grand le dénue–
ment des exilées. Le bey fit mine de les prendre en pitié et
Fonds A.R.A.M