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di t qu ' i l s'en contesterait. Mais aussitôt i l forrffula une autre
exigence plus difficile à satisfaire. M'ayant reconnue, i l me
demanda brusquement où était la famille Khérian. Je répon–
dis que je l'avais rencontrée au .cours du voyage, mais que
j'ignorais ce qu'elle était ttevenue. « Cherche, me d i t - i l , et
préviens-moi ». Cependant, le lendemain, un charretier*
l'avisait que la famille venait d'arriver et i l se faisait conduire
près d'elle. Pénétrant sous la tente, i l di t à la mère : « Je^
veux ta fille. Vous allez venir tous chez mo i . »
—
Nous n'avons rien à faire chez vous, répondit cette
dame. Nous allons continuer notre route.
—
C'est ce que nous verrons, répartit le Kurde^Tout®
résistance vous sera nuisible. Vous ne m échapperez point .
Pendant ce court dialogue, Mademoiselle Hasmik se
tenait assise dans un coin de la tente, le dos tourné. Soudain
elle se lève, le visage enflammé de colère.
«
I l n'y a donc plus de femmes kurdes ou turques au
monde pour que t u viennes chercher des arméniennes.
Sache que je te déteste de tout mon être et que ta seule pré–
sence i c i m'inspire une répulsion physique. Je te préviens
que si tu persistes dans ton dessein, j'userai de tous les
moyens dont une femme .est capable lorsqu'elle est aux prises
avec la violence. Si on ne peut pas agir sur toi par tout autre
sentiment, crain^ du moins la vengeance d'une arménienne ».
Le Kurde sourit à ces paroles. Puis i l éclata de rire, 1
yeux fixés sur la jeune fille que la colère avait rendue plus
belle.
«
Je ne saurais vivre avec un homme comme t o i , com–
prends-tu enfin. N'insiste pas. T u le regretterais, je ne ces–
serai de te répéter que je te déteste ».
Fonds A.R.A.M