ils étaient occupés à faire la cueillette dftTenfants de notre
caravane. On les choisissait à partir de l'âge de treize;èfris et
au-dessus. Le bruit s'étant répandu qu'ils aidaient être égor–
gés, une* affreuse panique se p r o d u i t parmi les mères.
Je vois accourir Madame Tufenktchian, le visage inondé
de larmes, me suppliant de sauver son fils. El le comptait
sur le crédit que pouvait me donner auprès de ce Kurde la
lettre de recommandation. Ses filles y vierfeent joindre leurs
larmes. Que n'aurais-je pas fait pour elles ! Mais l'idée du
danger que je courais moi-même en décelant mon iden^fé
m'inclinait à la prudence. Cependant je ne résistai pas
longtemps à leurs prières. Je n'avais pas trop à me pr^bc^
cuper du sort des deux garçonnets dont les noms se trouvaient
inscrits dans la lettre. Ils étaient en sûreté, leur mère ayant
eu l'idée de leur mettre des habits de fillettes.
Je me présente à Zeïné bey, le papier à la main, et l u i
dis qujffe venais réclamer mes deux frères. Après en avoir l u
le contenu, i l jette sur moi un regard inquisiteur. « Va'les
prendre, me d i t - i l ».
Une cinquantaine d'adolescents étaient enfermés dans un
enclos. Pâles de terreur, ils tremblaient de tous leurs mem–
bres. Pauvres enfants! I l s donnaient l'impression d'uh bétail
qu'on va mener â l'abattoir.
Je m'ayêtai à l'entrée moi-même défaillant^. A ma vi^e
unéThieur d'espoir anima leur/visage.
J'appelai : « Tufenkt chian! ».
L'enfant s'approcha, soudain rayonnant. Alors de toutes
partsdes voix s'élevaientardemmentsuppliantes: « Emmenez-
mo i , emmenez-moi aussi ».
,
Je dis à Tufenktchian : « appelle quelqu^un ». « To r k om ! \.
Fonds A.R.A.M