Dans deux jours tu seras dans mon^yillage et tu logeras chez
moi », me d i t - i l sur un ton d'autorité.
|^
Je vous remercie, l u i dis-je. Ce n'est pas que je refuse
votre généreuse hospitalité, mais je ne peux l'accepter dans
les conditions actuelles. Souffrez, Seigneur, que je ne me
sépare points de mes compagnes d
?
ex i l . J'irai où on les
mènera; je mour ra i où elles mourront , dis-je la voix brisée
d'émotion.
:
^
C'est entendu, f i t - i l , tu voyagera^ avec les autres, mais
i%t
importe que tu viennes me voir dès ton arrivée là-bas.
Encore que je ne me fusse pas questionnée sur le parti
que j'aurai à prendreà cet égard, j'acceptai.
Là-dessus, le grand bey de Dersim fit demi-tour et se
retira fièrement campé sur sa jument, tandis que les policiers
et gendarmes s'inclinaient très bas. Lorsqu' i l se fût éloigné,
l ' un d'eux s'approcha de mo i pour me demander si je n'étais
pas folle de refuser d'aller vivre dans la maison d ' unpr ince
#
q u i exerce une autorité royale sur ses vastes dolriaines.
« 3
oo
têtes de bétail, di t - i l , l abourent ses terres. T u auras du
beurre et du miel à profusion ». Je ne crus pas devoir l u i
répondre. Aussi bien ma pensée était ailleurs.
Dans la caravane, un certain nombre de femmes avaient
pu voyager jusque là dans leur propre voiture qu'elles gu i –
daient elles-mêmes en l'absence de leurs hommes auxquels
on avait fait prendre une autre di rect ion, mais ce jour-là el
virent les autorités leur confisquer voitures et chevaux^
Délaissant
4
a
route carrossable, qu i traverse la région
âu
Ders im et qu'on distinguait de l'endroit ou nous étions canr
pées, nos bourreaux pour nous tourmenter plus cruellement,
nous menèrent à travers des montagnes d'un accès terrible-
i
Fonds A.R.A.M