Nous ne savions que penser. Mais voilà qu'on dépasse
l'orphelinat allemand et que derrière nous disparaissent les
jardins de la banlieue. Le doute n'était plus possible.
Après une marche de trois heures, on s'arrêta au bord
d'un ruisseau.
Encore une fois, sejon l'habitude prise, les gendarmes
i gent-une somme d'argent.^Ils mettent dans leur demande
tant d'apreté que nous sommes obligés d'en faire à leur
vplonté. Nous réunissons à grand peine .traie somme de
vingt livres que nous leur ^me t tons . Un employé de l ' admi –
nistration survient sur ces entrefaites On porte plainte
contre ces procédés. I l s'indigne contre la conduite des gen–
darmes qu ' i l qualifie d'illégal et se met en devoir de; prendre
le nom des femmes qui avaient été rançonnées. Le fait est
qu ' i l fit rendre l'argent, mais r i l'empocha sans façon et i l
disparut. On ne l'a plus revu,
j k .
A ce même endroit, nous trouvons
deux
enfants aban–
donnés qui devaient avoir l ' un
5
etïljaiKxe
4
ans. I ls se
tenaient l ' un à côté de l'autre, assis**dans la poussière. Qu i
sait depuis combien de temps ils étaient là. Nous leur
donnons à manger. Ils dévorèrent tout ce qu'on leur donna,
puis s'endormirent la tête sur une pierre en guise d'oreiller.
Après de patients interrogatoires, on finit par savoir quelle
nom de leur maman était Mar i em, que le papa avait disparu.
Ils ne savaient d'où ils venaient. « Où habitez-vous? leur
demandons-nous. — A la maison », nous répondirent-ils.
La nui t suivante fut particulièrement accidentée. Un
Tur c , nommé Deli-Bach oglou Mehmed, se présenta et
exigea qu'on l u i livrât l ^f ami l l e Khérian, sous prétexte que
la fille aînée était demandée en mariage par un bey influent.
Fonds A.R.A.M