nous nous heurtons à un cadavre enterré dont un bras sortait
de terre. Le poing qu ' i l levait au ciel était-il un&geste de
détresse,, ou bien un appel à la vengeance?... Plus l o i n
gisaient d'autres cadavres enterrés aussi somma i rement . .Une
autre surprise m'attendait. Comme je me disposais à a l lume r
un feu de bois pour apprêter mon pi l av en creusant un t r ou
dans la terre, je soulevais une ma i n , d'enfant. Je reculais
saisie d' hor reur . Poussant plus l o i n mes^lnvestigations, je
découvre dans le sol, fraîchement remué, des cheveux blonds
et un fragment d'os f rontal ? Je m'empresse de - r ecouvr i f ces
restes du pauvre pe t i t * inconnu.
U n spectacle non moins l i jgubre nous attendait. De
pauvres vieilles femmes qui venaient de faire le voyage à
pi ed, allaient les unes après les autres se jeter dans la rivière.
Torturées par la f a im et la soif, épuisées, elles avaient pris
le par t i d'en f i n i r avec la vie. Das Tur c s , assis sur la r ive ,
assistaient impassibles,à la scène. Je demandais aux gardiens
s'ils ne voulaient pas se porter à leur secourarCyniquement ,
l ' un d'eux m' apprend que cette r i v i f r e avait déjà englout i
quantité d^ vies humaines . « U n temps viendra, a j out a - t - i l ,
où vous chercherez une rivière pour vous noyer et vous ne
la trouverez pas. N' est - i l donc pas raisonnable que vous pr o –
fitiez de l'occasion pour vous libérer le plus tôt possible. »
Une vieille fut emportée par le courant . Les autres flot–
tèrent un instant avant de dispàrakre dans le remous de
l'eau. J'en vis une q u i lutta un instant contre le courant q u i
l'entraînait. Vi s iblement elle faisait des efforts pour se sauver.
Le goût de la vie est si doux ! Bientôt après on n'entendait
que les murmures du rapide Al ys q u i gardai t dans son sein
ses enfants exilés et abandonnés.
Fonds A.R.A.M