De Kcrk-Guctch à Malatia
E
lendemain nous
campons
sur les bords du Kerk-
J—
t
Guetch, au coù£Oàpide,quiest un affluent de FE*ip h rate.
Des milliers de déportés, appartenant à toutes les classes de
la société arménienne, citadins et paysans y étaient campés.
Des familles restaient accroupies dans leurs charrettes. Des
femmes faisaient cuire des galettes Sur la cendre d'un feu de
fagots ou pétrissaient la pâte. I l n'y avait dans la région
qu'une source d'eau potable. Je dus traverser tout le cam–
pement pour y faire ma provision d'eau,-Tout près de la.
source j'aperçois un grand nombre de malades couchés sur-
la terre nue. On n'entendait que plaintes et gémissements.
Les uns étaient évanouis, d'autres exhalaient le ^dernier
soupir. Des cadavres entraient en putréfaction. Une inrio-
mable saleté, jointe à la pourr i ture de tous ces corps souffrants
ou en voie de décomposition, empestait l'air et empoisonnait
les vivants. Le sol était couvert de haillons et de feuillets de
Bible, souillés d'excréments.
Je m'approche de la fontaine, une cruche à la ma in. La
foule s'y bousculait affreusement, impatiente d'étancher la
soif qui la tourmentait. U n Turc était là pour faire la police.
Mon tour n'était pas encore arrivé et j'étais là à attendre
depuis deux bonnes heures lorsqu' i l s'avisa de mejprendreTa
Fonds A.R.A.M