la dame turque m'avait donnée en paiement de mes services.
Mon intention était de revenir sur mes*pas. A krgare-je jjgn-
contrais un soldat arménien! dont la physionomie doute et
ouverte m'inspira corinance. Je l u i donnai ma pièce en 1
priant d'aller la changer au bazar. I l consentit à se charg
de la commission et i l partit. Je l'attendis longtftaip
sous le soleil, si longtemps que je commençais à me repro–
cher mon imprudence. Cette pièce c'était tout ce qu i me
restait au monde. Mes inquiétudes cessèrent car je le vis
apparaître, l'argent à la main. Ma pensée s'éclaira tout à
coup d'une idée. « Frère, l u i dis-je, je ne saurais vivre plus
longtemps sous la pluie et dans le f ro i d . Je suis décidée,
quo iqu ' i l arrive, à m'enfuir en vi l l e . Si encore je n'étais pas
dans l'état où me voilà, j'aurais couru tous les risques de la
situation qui^ious est faite, et pâtir avec les autres jusqu'au
bout. Ne pourriez vous pas me conduire jusqu'à la ville ? »
Des larmes glissèrent sur les joues du soldat : « Viens me
d i t - i l , suis moi de l o i n ». Cependant j'aurais bien voulu
retourner à Sébil pour y reprendre mon paquet. « N' y pense
plus, me d i t - i l , échappe-toi pendant que .les gendarmes dor–
ment encore. Viens ». Je le suivis, non sans me reprocher en
secret l'abandon où je laissais la pauvre f emmç dont j'avais
promi s d'être la sœur. J'imaginai toute l 'amertume qu'elle
en ressentirait, mais une force invincible me poussait en
avant. Nous traversons la voie ferrée et nous entrons dans
les jardins. I l y avait là un petit garçon qu i vendait des
simith {i).
Le soldat me propose de le prendre pour guide. Je
l u i demande ce qu ' i l gagne dans sa journée. « Hu i t Pias-
(
i ) Sorte de c r a q u e l i n .
Fonds A.R.A.M