aussi en pensjmt que les pieds d'un nouveau né sont sen–
sibles au f r o i d . En ce qu i me concerne, je suis loin
,
de,par–
tager votre pessimisme. Qu i sait si ces petits chaussons ne
serviront pas à u» futur ministre de notre Arménie libérée.
Ne riez pas. Tâchez plutôt de garder dans votre mémoirç
cette conversation pour vous la remémorer le jour où vous
entendrez parler de mon fils. »
Un brusque incident v int interrompre mon discours^
Une jeune fille f i t i r rupt i on au mi l i eu de nous en criant :
«
Pour l'amour de Di eu, cachez mo i bien vite ». I l y avait
là une tente formée de quelques carpettes ou , la nui t , s'en–
tassaient une trentaine de personnes. On l ' y f i t entrer et l ' on
se hâta de jeter sur elle une couverture sur laquelle on accu–
mula divers objets. Cela fait, je vis accourir un gardien qu i ,
me prenant par un bras, cherchait à m'entraîner de force.
J'avais beau l u i dire que je ne connaissais personne qu i pût
s'intéresser à mo i ; sans m'écQjuter i l me poussait vers un
indi v idu qu i , à ma vue, se mi t à crier : « Non , ce n'est pas
elle fr. I l lâcha prise aussitôt, mais sans pour cela renoncer
à ses recherches. I l pénétra même sous la tente, d'où i l sortit
presque aussitôt sans se douter de r i en.
Quand le calme se rétablit, on apprit que c'était la ser–
vante d'un fonctionnaire turc et que celui-ci ayant voulu la
violenter, elle s'était échappée de ses mains pour se réfugier
$ f r m i les déportées où elle pensait qu'on perdrait ses traces.
«
Qu' on m'envoie au désert, disait-elle, n'importe* où,
cela m'est égal. Plutôt la mor t que la honte d'appartenir à
un Tur c ».
Pauvre fille d'Arménie. « El le n'avait f u i la pluie que
pour s'exposer à la grêle », car bientôt après elle devrait être
Fonds A.R.A.M