incertains. «TraMuiIise-toi,lui dis-je, j'ai&Ur moi des billets
de recommandation et je te ferai passer poiftjna sœur. A
ïufifes, je* louerai une maison où. tu logeras avec moi. Tu
garderas*mon enfant et moi je gagnerai notre vie en donnant
des leçons et comme couturière». Pendant que nous esquis-
sipns ces projets d'avenir, je cousais assise sur le matelas
que je venais d'acheter.
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Pour l'amour de Dieu qu'est-ce que tu es en train de
loudre? » fit une femme qui était là à me regarder curieuse–
ment.
Des chaussons, répondis-je, en réprimaniuin sourire.
«
E h ! E h ! ricana ma voisine, faut-il tout de même qu'elle
soit optimiste, celle-là. Elle en est encore à croire qu'il y a
sur terre un lieu ou elle pourra accoucheraeVa, mets-toi bien
dans l'esprit qu'on ne laissera pas grandir ton enfant — El le
oublie que nous sommes Arméniennes, reprit une troisième.
Notre avenir est bien clair : tout au moins nous, Serons
décimés par l'hiver. Je sais bien dans quelles bayes pourri–
ront ton cadavre et celui de ton enfant ».
Chacune disait son mot; mais ces choses, elles les
disaient avec la calme sérénité de l'indifférence ; toutes ces
femmes s'étaient familiarisées avec l'idée de la mort. La
mort, elle ne les émouvait plus, n'éveillait aucune terr%ir
dans leurs âmes, elles la souhaitaient comme une délivrance.
Sans prendre garde à ces propos, je continuai tranquille*
ment mon travail. « Savez-vous, leur dis-je, avec qù§H
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confectionne? Avec les manchettes d'une jacquette apparue**
nant à ma maîtresse. Comme elles étaient troj) longues elle
m'avait chargée de les raccourcir. J'en utilise les morceaux
pour mon bébé. Ce travail je le fais pour me distraire, et
Fonds A.R.A.M