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filtraient les lumières des habitations. Ramassée sur moi-
même, grelottant de froid, je me demandais aver^nin^aopfl
concentrée de quel droit lésons jouissaient du privilège^
de
coucher dans leur lit aLors que d'autres se voyaient condaaj
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nés à passer les nuits sur la terre nue; pourquoi on les laissait
tranquillement vivre chez eux au seïn de leur famille, alors
que mot j'étais privée du nécessaire, loin des êtres bien
aimés
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La pluie commence à tomber, tin vent glacial me co l l a i^
la chemise sur la peau. Assise dans la boue, je me pris la
tête dans les mains et longtemps Je sanglottais. L a pluie
cessa enfin. L'aube bientôt après rougit à l'horizon et le
soleil monta radieux. Toutes ces malheureuses s'«empres-
sèrent .de quitter leurs frusques mouillées pour les faire
sécher. Réchauffées par les chauds rayons du soleil, elles
rendaient'grâces à Dieu- La jeune malade était à tout extré–
mité i^elle ne parlait plus, et son regard fixait le ciel bleu et
souriait.
Quand les habits furent séchés, je me réhabillai. Ma pre–
mière préoccupation fut de me procurer tout ce qui était
nécessaire pour me garantir du froid. Avec le medjidié de
la turque j'achetais un matelas et une couverture à une
femmte d'Adana nommée Féridah. Sa sœur et ses deux
enfants,* hospitalisés dans l'Eglise d'Alep, venaient succes–
sivement de succomber au typhus. De toute sa famille, il ne
|ui restait plus qu'une fillette. E t comme pour ajouter à des
arfjfiffhiurs encore cuisants, les autorités venaient de réquisi–
tionner le nombre de charrettes voulu pour transpo-ter sa
caravane à Kiliss, malades et valides, sans distinction.
Elle était sans argent et les lendemains lui apparaissaient
Fonds A.R.A.M