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m'accabler de besogne. Sous prétexte que^Marguerite ne
savait pas bien battre les tapis, la dame m'avai|jfcrf&rgé£ Cle
ce travail. Que de-jfois ne les ai-je pas arrosés dt^înd
larmes, ces tapis. Cependant je prenais mon ma l en patience
par la crainte du pire, et pour éviter le redoutable exil
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Deïr-ul-Zor. J'étais d'autant mieux portée à la résignâtïôii
qu'on m avait fait concevoir l'espérance de me garder après
l'accouchement. Je croyais me mettre ainsi en situation de
sauverJ'enfarve.
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Soit calcul, soit qu'elle eût fini par apprécier mes ser–
vices, la mère de la hanoum parût vouloi r me traiter en dou–
ceur. I l l u i arrivait de me dtre parfois que sa fille n'avait
jamais pu trouver servante plus accomplie et qu ' i l fallait de
toute nécessité que je restasse avec eux. Pourtant un beau
.
jtiur ellei.m'ordonna de puiserdel'eau. Le puits était profond,
et le seau très l ou r d . C'est avec quelque peine qu ' on arrivait
à deux à monter l'eau. En entrant à leur service, i l avait été
expressément entendu qu'on me dispenserait de toute besogne
trop pénible pour mo i . Cette condi t ion ils l'avaient acceptée. \
Aussi, je m'insurgeais devant ses prétentions.
T u puiseras l'eau, me répéta-t-elle d'un ton impé–
r a t i f * *
«
Vous savez bien que je ne peux pas. Vous ne me l'aviez
pas demandé jusqu'à ce j our ».
Je
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l'ordonne, répliqua-t-elle et j'entends que tu m'o-
béisses.
Subitement je saisis sa pensée. Pour me garder indéfini–
ment et m'avoir à discrétion, n'avait-elle pas imaginé de
se débarrasser de l'enfant avant qu ' i l vîtle j our . L ' impu l s i on
que j'en ressentis fut si vive que je fus prise d'un mouvement
Fonds A.R.A.M