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que j'ai vécu les heures les plus difficiles de mon existence.
A rejpracer son histoire intime et à expliguer ses mjjOÂts
particplières, i l faudrait un volûfoe, mais je me ferais sapuÉ^
pule même à effleurer ce sujet en étalant au grand j&»ç4i^
vie d^fcne famille, si peu estimable soit-elle. Cependantj e ire
puis m'çmpêcher de dire que j'en suis arrivée à cet tewnclu-
sion que la famille turque ignore ce que nous appelons le
bonheur domestique. On peut même affirmer en cônscienc
que la famille turque n'existe que de nom. On n'y voit que
baines,-insensibilité et grossièreté dans les rapports. Aucune
règle de vie, aucune tradition. L'enfant y est gâté, capricieux,
cruel, et, le dirai-je, immora l .
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Par un hasard singulier, j'étais tombée dans la maison du
Président de la Commission des Déportés. On conçoit
quelle dût être ma souffrance morale, obligée que j'étais de
servir un homme dont la fonction consistait à arracher tou
un
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peuple de ses foyers pour qu ' i l pérît dans les sables d
délert. I l fallait faire sa cuisine, supporter de blessants di
cours. I l fallait tout supporter et se taire.
Tous les jours de malheureux Arméniens se présentaient
à sa porte avec des requêtes à la main, où i l ne s'agissait
pour eux de rien moins que d'une question de vie et de
mor t . La consigne était de répondre que le bey n'était pas à
la maison; mais lorsque leurs ayant dit cela, j'ajoutais à
voix basse qu ' i l était chez l u i et qu'ils n'avaient qu'à l'atten–
dre dans la rue, quelle gratitude exprimaient leurs regards
désolés.
Les Turcs avaient trouvé en cet homme le digne exécu
teur de leurs plans sanguinaires. I l n'avait point de cœur,
On comptait sans doute sur l u i pour donner aux instructions
Fonds A.R.A.M