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qu'ils contractent, se montrent patients dans l'adver–
sité, dans les temps durs et dans les temps de violences.
Ceux-là sont justes et craignent le Seigneur. »
(
Coran,
ch. I I ,
1 7 2 . )
Ce verset du Coran, qui, par la forme de son début,
offre une analogie singulière avec le fameux passage
du cinquième livre de Lucrèce :
«
Nec pietas alla est magnas procumbere ad aras
«
Ante delubra Deum, correptaque membra pavore
«
Vortier ad lapidem, etc. »
résume la doctrine religieuse et morale de l'islamisme.
Du reste, cette charité, cette bienfaisance universelles,
sans limites, s'exerçant sans distinction de religion,
ou même de haines et d'animosités personnelles, j u s –
qu'à l'épuisement total des ressources privées, comme
Tacite le rapporte des anciens Germains, non-seule–
ment dans l'intérieur des villes, mais sur toute l'é–
tendue des routes où la bienfaisance publique et privée
a pourvu à la défense et au soutien du voyageur in–
digent, non-seulement sur le prochain, mais jusque
sur les animaux de la création, est un fait devenu pro–
verbial, et que les esprits les plus prévenus contre la
Turquie et le principe musulman, en général, ont été
forcés de reconnaître : « Il n'y a point de pauvres en
Turquie, dit un homme qu'on ne soupçonnera, certes,
pas de partialité en faveur des Turcs, non pas, parce
que tout le monde y est pauvre, mais parce que par–
tout on tend aux malheureux une main secourable.
Le sentiment de l'égalité y règne en souverain. Le
dernier des serviteurs y monte au rang des maîtres,
et s'en montre digne souvent par son intelligence et
par son équité. La simplicité des mosquées n'est sur–
passée que par leur grandeur et leur excellent entre–
tien. Nul ne manque à l'appel de la prière qui se fait
cinq fois par jour, ni aux jeûnes prescrits par le
Ramazan. Le sentiment religieux a donné aux plu?
Fonds A.R.A.M