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carré de la Mecque, que le Prophète enleva à l'idolâ–
trie pour en faire le sanctuaire de la nouvelle doctrine.
Mohammed entreprit d'abolir toutes ces distinctions,
et de fonder une société démocratique sur les ruines
des oligarchies arabes. Partout dans le Coran, dans
ses prédications, dans ses actes, en apparence les plus
insignifiants, on voit ce but apparaître. Non-seulement
il ne s'attribue aucun caractère surhumain, ainsi que
nous l'avons vu, mais il se montre soigneux d'éviter
tout ce qui pourrait le distinguer des autres hommes.
«
Il ne traînait pas ses pieds comme les orgueilleux,
rapportent ses biographes ; il ne portait pas le front
haut, comme un arrogant : là où il se trouvait, il ne
réclamait jamais de place ou de rang comme lui ap–
partenant particulièrement. » Quand il se mêle au
peuple pour annoncer la parole de Dieu, ou quand il
enseigne ses disciples, il fait ranger ses auditeurs en
cercle et s'asseoit parmi eux au hasard. La mort d'un
de ses fils fut suivie, à quelques jours de distance,
d'une éclipse de soleil, et comme plusieurs des
ashâb rapprochaient, dans leurs discours, ces deux
événements, il les blâme sévèrement par ce hadis:
«
Le soleil et la lune sont deux merveilles de Dieu
qui ne s'éclipsent pas à cause de la mort d'un homme. »
celle qui en gardait les clefs. — Près de la porte, dans l'angle
situé au N.-E., se trouve la fameuse pierre noire, objet particulier
de la dévotion des pèlerins, qui la baisent à chacune des sept
évolutions qu'ils accomplissent autour du temple. Les légendes
musulmanes racontent qu'elle fut apportée du ciel par Gabriel,
dans le même temps que la keabè fut bâtie par les anges, lors de
la création du monde: elle était alors de couleur blanche, mais,
depuis, les péchés des hommes l'ont rendue noire. La Keabè est
devenue le sanctuaire du culte de tous les Mahométans, et c'est
vers ce sanctuaire qu'ils se tournent partout où ils se trouvent
pour faire leurs prières. Cette direction s'appelle
kyblè.
Fonds A.R.A.M