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après lui sur la terre, hormis Jésus-Christ qui doit
y
revenir vers lafindes temps pour convertir tous les
peuples à l'islamisme, s'ensuitil que ce progrès doive
cesser? Le Coran est-il la dernière formule de l'hu–
manité ou marque-t-il simplement la limite de l'inter–
vention directe de Dieu dans cette même humanité ?
Le Prophète ne s'est pas expliqué là-dessus. Toutefois,
rien n'autorise à penser qu'il regardât sa doctrine
comme le terme du perfectionnement humain; et au
contraire, un
hadis
(1)
célèbre : « Si Ebou-zer avait
connu ce que j ' a i dit à Selman, il l'aurait tué ou cru
infidèle » , semblerait indiquer que lui-même n'avait
pas dit son dernier mot dans le Coran.
Ainsi donc ce qui fait le fond de l'islamisme, ce qui
marque son point de séparation d'avec les deux reli–
gions où il prit naissance, c'est une sorte de rationa–
lisme éclectique q u i , leur empruntant ce qu'elles
ont de commun et d'accessible en même temps aux
seules lumières de la raison, l'idée d'un Dieu unique,
l'immortalité de l'âme, la rémunération future, admi–
ses par toutes les philosophies, rejette tout ce qui est
du domaine de la foi, hormis un seul dogme, l'inspi–
ration divine. « Dieu est Dieu, et Mohammed est le
prophète de Dieu » : voilà tout ce qu'il y a, à pro–
prement parler, d'obligatoire, d'essentiel dans l'islam,
puisque le simple assentiment de l'esprit à ces deux
grandes vérités suffit pour assurer la possession du
ciel. Le reste, comme de croire aux anges, aux cent
vingt-quatre mille prophètes depuis Adam, au voyage
de Mohammed dans le ciel et à toutes les circonstan–
ces merveilleuses de la vie du Prophète consignées
(1)
Les
hadis
sont les paroles du Prophète conservées par
tradition.—Voy. plus bas
Lettre Yll.
Fonds A.R.A.M