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Les pouvoirs du grand-vizir lui sont conférés en.
vertu d'un khatti-cherif que le sultan lui envoie lors–
qu'il l'élève au vizirat
( 1 ) .
DU CHEIKH-UL-ISLAM.
Àcôté du vizir et sur la même ligne, mais suivant un
autre ordre d'idées, se place le
cheikh-ul-islam
(
le chef
ou
Yancien
de l'islam), appelé aussi
mufti.
On a pré–
tendu faussement qu'il était dans l'ordre spirituel ce
qu'est le vizir dans l'ordre politique, le délégué du
sultan, en sa qualité de pontife ou d'Imam, succes–
seur légitime des khalifes. Le pouvoir spirituel, du
moins comme nous sommes portés à l'envisager,
d'après le dogme et l'Eglise catholiques, n'existe pas
dans lTslam. Plus t a r d , quand je parlerai du Co–
ran et de l'organisation de la société religieuse en
Turquie , j'essaierai d'éclaircir cette question, la plus
importante peut-être et la moins connue parmi nous
de toutes celles qui concernent le mahométisme. Il
suffira de dire ici que l'attribution propre, essentielle
du cheikh-ul-islam, c'est l'interprétation de la loi :
attribution considérable là où la loi est tout. Chef de
Yulèma,
ou corps à la fois judiciaire et religieux,
mais n'étant lui-même ni prêtre ni magistrat, sauf
quelques cas particuliers, il y a dans sa fonction du
garde des sceaux, du grand maître de l'université et
aussi du doyen d'école. Il participe de plus à l'exer–
cice de la puissance législative, en ce sens que son
fetva
est nécessaire pour valider toute ordonnance,
tout acte émané de l'autorité souveraine. Mais ce fet–
va, autrefois si redoutable, n'est plus guère aujour–
d'hui qu'une formalité judiciaire plutôt qu'un acte lé-
(1)
Voyez
Pièces justificatives
IV.
Fonds A.R.A.M