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que la minute, déposée dans les bureaux, porte en
tête, outre la signature ordinaire
(
toughra),
une cour–
te ligne de son écriture, comme
moudjibindjè 'amel
olouna
(
qu'il soit fait en conséquence). Le mot de
khatti-chérif
ou de
khat
désigne d'ailleurs toute le
tout billet écrit de la main du sultan (1).
Le sultan exerce sa double autorité législative et
executive, soit directement, soit par l'intermédiaire
de deux personnages éminents, et qui sont comme
la clef de voûte de l'éditice gouvernemental en Tur–
quie : l'un est le
sadri-azam,
ou grand-vizir; le second
est
le mufti,
ou
cheikh-ul-islam.
DU GRAND-VIZIR.
La fonction de grand-vizir fut instituée l'an 132 de
l'hégire ( 7 5 0 de J.-G. ) , sous le premier khalife
Abasside. Le mot, emprunté à l'arabe, signifie pro–
prement
portefaix,
pour indiquer que celui qui en
est revêtu porte seul le poids des affaires publi–
ques. En effet, le grand-vizir est le chef suprême
et, pour ainsi dire, unique de l'administration, tous
les autres ministres, étant placés dans sa dépendan–
ce chacun dans ses attributions spéciales. Rien n'est
présenté à la sanction du sultan que par son canal ;
rien n'est décidé,
proprio motu,
qui ne passe par son
intermédiaire pour être exécuté. Il préside le conseil
privé, nomme à la plupart des emplois, commande
les armées en personne ou par ses délégués, parafe
la minute de toute ordonnance ; eu un mot, il est le
chef du pouvoir exécutif, mais ce pouvoir, il ne l'exerce
que comme délégué et au nom du sultan.
(1)
Bianchi,
Dictionnaire,
Fonds A.R.A.M