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confondus dans les Francs, les Saxons dans les Nor–
mands. Les Turcs seuls, comme les Arabes en
Espagne, soit dédain, soit imprévoyance, négligèrent
de s'assimiler les races vaincues du Bas-Empire ;
et voici que quatre siècles après la conquête, ces
mêmes races, qui touchaient dès lors à leur déclin,
se réveillent plus fortes, plus énergiques, plus viva-
ces qu'elles n'étaient à la veille de leur asservisse–
men t .
A quoi tient ce phénomène? J e crois, au caractère
même de la conquête, autant qu'à une sorte de
génie propre aux peuples asiatiques, et particuliè–
rement aux nations musulmanes. Quand on pénètre
sous ces villes recouvertes anciennement par la
cendre du Vésuve, on s'étonne à la vue de cette
foule d'objets sur lesquels ont passé dix-huit siècles,
et qui semblent dater d'hier. Tel a été l'effet de la
domination turque. Elle couvrit le sol comme une
lave, mais elle couvrit pour conserver. En effet,
comme le remarque justement un publiciste anglais,
l'oppression en Turquie fut violente et irrésistible ;
mais elle ne fut ni constante, ni systématique. Il
n'y avait dans le pays ni classes, ni intérêts privi–
légiés, à part la distinction maintenue dès l'origine
entre les Raïas et les Musulmans. Les Turcs furent
le corps gouvernant, et, comme tels, ils se distin–
guèrent de la masse de la population, occupée d'agri–
culture et de commerce. Mais leur gouvernement
manqua toujours de la puissance administrative qu i ,
Fonds A.R.A.M