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composé de Grecs, d'Arméniens, de Juifs, de Rou–
mains, de Slaves, d'Albanais, d'Arabes, e t c . , ayant
tous leur physionomie, leur individualité propres.
Toutes les races, toutes les religions, tous les idiomes
de l'ancien continent, continuent
à
subsister côte
à
côte sur les vastes et pacifiques domaines du Sultan.
Ici, ce sont les Abyssins et lesTsinganés (Bohémiens),
païens pour la plupart ; là, les Chaldéens qui p r o –
fessent l'hérésie de Nestorius, les Chemsiyés, a do –
rateurs du soleil, les Yézidis, dont la croyance est
le manichéisme modifié par la doctrine deZoroastre ;
plus loin, les sectes impies des Ali-Uahis et des
Ismaïliens, et les Wahabis, les protestants de l'isla–
misme ; ailleurs encore, les Kurdes, descendants des
anciens Parthes, et qui ont retenu avec leur langue
leur manière de combattre, et les tribus nomades
de sTu r komans , débris des hordes conquérantes des
Seldjoucides. Cette variété, ce contraste perpétuel
de la physionomie, du langage, du costume, des
mœurs, de la religion, parmi les populations de
l'empire ottoman, est ce qui frappe le plus le voya–
geur, soit qu'il traverse les plaines de l'Asie Mineure,
soit qu'il s'enfonce dans l'intérieur de la Turquie
d'Europe, ou qu'il parcoure les montagnes ou les
déserts de la Syrie. Spectacle bizarre, et dont il est
curieux sans doute de rechercher les causes. D'or–
dinaire, les nations conquises ont fini, après une
lutte plus ou moins longue, par être absorbées dans
la nation conquérante ; les Gallo-Romains se sont
Fonds A.R.A.M