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réorganiser la Turquie, il est bon , ce me semble,
de se poser la question :
Y
a-t-il une Turquie ?
C
'
est à cela uniquement que j'entreprends de ré–
pondre.
Toutefois, il est impossible de donner une idée
de la Turquie sans parler des races qui en occupent
le sol, des Karpatbes aux déserts de l'Yémen, des
frontières de la Perse à la Méditerranée. Cette
question des races, appelée à jouer un si grand rôle
dans la politique contemporaine, emprunte un
nouvel intérêt au réveil des nationalités qui com–
mencent à se faire jour de toutes parts, et à la t e n –
dance qu'elles montrent à se constituer suivant leurs
affinités d'origine et de langue. Question immense
en effet, et de la solution de laquelle peut dépendre
l'avenir non-seulement des Etats qui y ont un intérêt
direct et immédiat comme la Tu r qu i e , mais même
celui des nations qui, comme laFrance, sont arrivées
depuis des siècles à l'unité politique. O r , il faut
bien le dire, nulle part en Europe il n'existe un
empire composé d'éléments aussi divers, aussi hété–
rogènes que l'empire t u r c . Ce n'est pas une nation,
c'est un composé de nations (1). Sur une population
totale de trente-cinq millions d'habitants, la race
conquérante figure au plus pour un tiers. Le reste est
(1)
Un vieux dicton porte à
soixante-douze et demi
le nom-
are des cations comprises dans l'empire ottoman.
Fonds A.R.A.M