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appelle à lui les sciences et les inventions de l'Oc–
cident. C'est ainsi qu'il fit tomber une à une toutes
les barrières qui séparaient la Turquie du reste de
l'Europe. Sa vie entière fut consacrée à cette tâche
dont il poursuivit l'accomplissement avec une
constance et une énergie infatigables. C'est là le
trait dominant du caractère de Mahmoud ; c'est par
là qu'il renoua glorieusement la chaîne, interrom–
pue depuis deux siècles, de ces sultans qui fondè–
rent dans l'origine la puissance ottomane ; plus
grand peut-être que Pierre, à qui on l'a souvent
comparé, parce qu'il eut à vaincre plus d'obstacles.
Venu dans les circonstances les plus défavorables,
affaibli par des guerres continuelles et presque tou–
jours malheureuses, victime de la fausse politique
de l'Europe, seul avec son génie en présence du
soulèvement de ses peuples , comme Colomb au
milieu de son équipage mutiné, il eut foi comme
lui dans son œuvre. Pou r lui, le génie fut la pa –
tience. Il abattit une à une toutes les têtes de cette
féodalité au petit pied qui avait fini par couvrir le
sol comme d'un réseau, s'attaquant d'abord aux
plus formidables. Le terrible Ali de Tèbelen, pacha
de Janina, tomba ; sa chute frappa d'épouvante les
pachas insoumis de Widin et deBaghdad ; l'Albanie
fut domptée ; les Mamelouks furent renversés ; les
Afghans et les Wahabis furent punis ; et les diverses
parties de l'empire commencèrent dès lors à tendre
vers cette centralisation dont l'établissement était
Fonds A.R.A.M